Une place pour les pères gais


Témoignage d'un père homosexuel


Marc Bouchard est un responsable du groupe des pères gais de Québec, il raconte son propre parcours.


« Je suis arrivé dans le groupe des pères gais de Québec en 1992, alors qu'il fonctionnait déjà depuis quelques années. J'étais en plein processus de coming-out et j'avais besoin de rencontrer des gens comme moi, dans la même situation. Au début des années 90, il y avait une très bonne fréquentation, on comptait de 20 à 25 personnes régulièrement. Les hommes qui venaient étaient à la recherche d'acceptation à propos de leur sexualité et de leur statut de parent. Ils étaient majoritairement issus d'unions hétérosexuelles, mais quelques-uns étaient des adoptants et il y avait même un homme qui avait fait un enfant avec une lesbienne. Après deux ans de fréquentation, je suis devenu animateur, puis parrain du groupe.

Il y avait une vraie dynamique au sein du groupe, nous étions tous des parents, mais nous partagions en plus la même orientation sexuelle. C'était très différent des groupes de parents ou des groupes d'homosexuels que j'avais pu côtoyer.

On avait peur que cette réalité vienne influencer l'orientation sexuelle de nos enfants. J'ai un garçon et une fille de 25 et 22 ans maintenant, et ils n'ont pas souffert. Il a juste fallu une petite période pour assumer que leur papa était gay, pas « standard », mais pour un enfant, les parents ne sont jamais standards. Cela ne fait pas de nous des personnes moindres. Nous avons peut-être même une analyse plus approfondie de notre parentalité, une plus grande attention envers nos enfants.

J'ai 56 ans et pour moi être homosexuel tôt dans ma vie c'était l'interdiction d'avoir des enfants, ce qui n'était pas une option possible. On ne pensait pas que les homosexuels pourraient adopter un jour. Beaucoup de personnes ont eu le même cheminement. Ce n'est pas une tendance que l'on voulait suivre, on souhaitait juste être parents, être normaux.

La séparation n'est pas agréable, mais cela se déroule majoritairement bien. J'ai par contre connu un père qui faisait son coming-out et qui a perdu tout contact avec ses enfants. La mère tenait des propos négatifs le concernant et ses enfants ne voulaient plus lui parler. Il s'est suicidé à la fin de l'année dernière.

Le préalable pour être un bon père c'est d'être bien avec soi et de s'assumer pour les enfants. Ils sentent tout. Des enfants équilibrés ça passe par des parents équilibrés. »



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