Changer les perceptions


Il n’existe que peu de statistiques concernant la paternité. La documentation se fait rare sur le sujet, mais elle accorde une grande la place à femme en tant que mère. Toutefois, les témoignages sur les difficultés de la paternité abondent. Les intervenants des différents organismes dédiés à aider les pères québécois en difficulté partagent une opinion similaire : les pères ne disposent pas de suffisamment de ressources lorsqu’ils en ont le besoin.

En 1999, la Régie régionale de la santé de Montréal-Centre a publié des statistiques concernant les subventions accordées aux organismes. Claude Lachaîne directeur de la Maison Père-Enfant du Québec, un organisme qui vient en aide aux pères luttant pour obtenir la garde ou des droits de visite de leurs enfants, a comparé ces statistiques dans un article publié dans Voir. Il a constaté que 53 groupes d’aide aux femmes se sont partagés 9 M $ et que les neuf groupes d’aide aux hommes de Montréal se sont partagé 23 000 $. Cette situation ne semble pas avoir changé selon les dires de Régis Rioux, intervenant à AutonHommie, un centre de ressources pour hommes : « il y a très peu d’argent disponible pour mettre en place des ressources et des services. Les groupes de pères sont subventionnés en partie du centre des services sociaux de la capitale. Il faut démontrer à chaque année que le besoin est là pour recevoir le petit peu d’argent qu’on nous donne ».

Il ajoute aussi que la perception de la société quant à la situation des hommes est biaisée : « la perception générale des gens envers les hommes, c’est qu’ils sont forts et qu’ils n’ont pas besoin d’aide, qu’ils sont capables de se débrouiller ». Lise Bilodeau, présidente et fondatrice de l’Action des Nouveaux Conjoints et Nouvelles Conjointes du Québec abonde dans le même sens. «Prenez certains grands acteurs à Montréal, une entre autres qui, à Noël, avait cité dans le journal que les hommes n’avaient pas besoin d’aide. Quand tu pars comme ça dans la société, tu peux comprendre que le gouvernement ne se force pas puisque tout le monde dit que les hommes n’en ont pas le besoin ».

Toutefois, les pères de famille revendiquent une reconnaissance juste de leur rôle dans la société et souhaitent mettre de l’avant leur implication parentale. Mme Bilodeau souligne que les pères s’impliquent de plus en plus jeunes dans leur vie familiale et que même à un plus jeune âge, ils sont capables d’éduquer et d’aimer leurs enfants. En effet, ces hommes refusent désormais d’être perçus uniquement comme pourvoyeur.

D’ailleurs, pour Régis Rioux, également animateur des ateliers Père pour toujours chez AutonHommie, la société s’attend à plus d’investissement dans l’éducation des enfants de la part des jeunes pères. Il émet aussi une hypothèse générationnelle. « J’ai été plus présent que mon père dans l’éducation de mes enfants. J’avais plus de temps, et les pères d’aujourd’hui aussi ont plus de temps. »

Cette demande croissante d’investissement dans leur rôle familial favoriserait la croissance du sentiment d’attachement, toujours selon M. Rioux. Un facteur qui encourage les hommes à poursuivre cet investissement de soi.

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